Karel Appel incarne une fusion explosive entre expressionnisme, fauvisme et art brut, développant une peinture instinctive où la matière devient énergie pure. Héritier de l’expressionnisme allemand, il en conserve la distorsion radicale des figures et la gestuelle nerveuse, mais en remplaçant l’angoisse existentielle par une vitalité anarchique et exubérante. Son usage des couleurs, affranchi de toute contrainte naturaliste, prolonge l’audace du fauvisme, mais dans une logique plus chaotique et viscérale, où la violence chromatique sature l’espace. Son lien avec l’Art Brut se manifeste dans une spontanéité brute et une matérialité épaisse, proche du geste primitif, évoquant les masques tribaux et l’innocence brutale du dessin enfantin. À la croisée de ces influences, Appel ne se contente pas d’en synthétiser les codes : il les exacerbe et les transcende en une peinture sauvage et organique, où l’humain et l’animal, la joie et la fureur, s’entrelacent dans une explosion sensorielle. Il se profile ainsi comme un dernier peintre chamanique, cherchant à réactiver la puissance archaïque de la peinture face à un monde qui l’a trop intellectualisée.